Si l'on considère comme étant la bonne la première hypothèse sur l'éthymologie du nom de Floressas à savoir que ce nom proviendrait du consul des Gaules "Florentius", (ou peut-être plus modestement d'un simple légionnaire romain prénommé Florentius ou Florens, ou un homme de la Gaule romaine) et qui aurait été récompensé, ainsi que le voulait l'usage, de ses campagnes militaires, par une "villa", alors celle-ci aurait pu se tenir à l'emplacement actuel du château et ressembler quelque peu à la possible villa romaine de Saulce :
Toutefois nulle trace, nul vestige, nul fragment de tegula (tuile), d'amphore ou de dolium (très grosse jarre servant à stocker le vin ou le grain), nulle petite pièce de monnaie... à l'emplacement de l'actuel château.
Rien n'a été trouvé pouvant laisser supposer l'existence de cette VILLA originelle.
On peut supposer également, mais là encore, sans en avoir aucune preuve, qu'une motte castrale ait pu être érigée, au Moyen-Age, toujours à l'emplacement de l'actuel château, avant sa construction en pierre.
Peut-être même plus précisément avec une tour défensive à l'emplacement de l'actuel... château d'eau.
Mais cela reste une simple supposition.
On peut supposer également, mais là encore, sans en avoir aucune preuve, qu'une motte castrale ait pu être érigée, au Moyen-Age, toujours à l'emplacement de l'actuel château, avant sa construction en pierre.
Peut-être même plus précisément avec une tour défensive à l'emplacement de l'actuel... château d'eau.
Mais cela reste une simple supposition.
Aucun document écrit ne date cependant de cette époque et aucune trace de cet édifice n'a pu être repérée sur le site.
Au début du XIVe siècle, ce fief appartenait alors à Armand de Montaigut (autre graphie Montégut), dont on sait qu'il fut le petit neveu de l'Evêque de Cahors, Sicard de Montaigut (1293-1300).
Voir : Les Seigneurs et Co-Seigneurs de Floressas.
Le premier document écrit où il est fait mention de ce fief, date de 1307 :
Il s'agit d'un hommage que les coseigneurs de La Croze rendent à Armand de Montaigut le jeune, chevalier, pour "la motte et repaire de La Croze paroisse de Vire, ainsi que des terres de Courbenac, La Capelle et FLORESSAS."
Dans un premier temps, la seigneurie de Floressas, fut incluse dans la châtellenie de Puy-L’évêque puis dans la châtellenie royale de Montcuq.
(Sources Jean Lartigaut, Puy-l’Evêque au Moyen Age – Le castrum et la châtellenie
(XIIIe – XVe siècle) Ed. du Roc de Bourzac, 1991, pp. 36, 72, 86.)
Toutefois, le château de Floressas conserve néanmoins des vestiges importants d'un édifice médiéval, notamment ses deux tours maîtresses, dont on peut situer l'origine au 14ème siècle.
A Armand de Montaigut, on sait que succéda une branche de la grande famille des BEYNAC seigneur de COMMARQUE (en Périgord).
le premier membre de la maison de BEYNAC, attesté comme seigneur de Floressas, est, en 1336, Jean de BEYNAC, frère de Pons de BEYNAC, seigneur de Commarques.
Selon deux études archéologiques du Château de Floressas, menées, l'une en 1994 par Valérie ROUSSET (SDA du Lot), l'autre par Georges SERAPHIN (Ateleirs du Patrimoine) en 1996, ce serait donc dans la seconde moitié du 14ème siècle que le château aurait été érigé.
Selon toute vraisemblance, c'est Jean de BEYNAC qui commença la construction du château.
Voir les deux études archéologiques dans les documents à télécharger (fin de page) :
Ces deux études notent des similitudes architecturales entre le château de COMMARQUE
et celui de FLORESSAS et notamment au niveau des donjons
Ces deux études ont été reprises en 2010 par Valérie ROUSSET avec la participation de Gaële DUCHENE
Cette étude est visible en mairie.
A gauche et à droite, donjon du château de COMMARQUE
Au centre donjon du Château de FLORESSAS
credits photo A-M Uyttenbroeck
En 1914, l'Abbé Relhié décrit ainsi les restes du château :
Cliquer sur l'image pour agrandir
De cette époque ne subsistent que les deux tours et, en rez-de-chaussée, dans l'actuelle grande salle de réunions et d'animations culturelles du château de Floressas la base des murs (plus large que le reste des murs) sur une hauteur d'un niveau.
On voit encore, près du sommet de la tour sud, les trous de hourd*. (et non de "boulins" comme on le pense parfois)
Ces trous d'encastrement permettant l'établissement de ce hourd sont conservés pour la plupart sur la tour sud du château.
Ils offrent la particularité, contrairement à ceux que l'on observe sur les tours du 13e siècle, à Castelnau-Bretenoux, Cardaillac ou Castelnaud-la-Chapelle, d'être percés en biais à l'approche des angles de la tour, ce qui facilitait la mise en place d'un dispositif continu autour des quatre faces.
(Source : Gille Séraphin 1996)
*hourd : (synonymes Hourt, hour, ourdeys, gourt) architecture militaire : échafaud fermé de planche en bois, dressé au sommet des courtines ou des tours, destiné à recevoir des défenseurs
Hourdage : mise en place des hourds, hourdage terminé, et utilisation des hourds
La Tour Nord appelé aussi "donjon" est la plus large et la moins haute des deux tours.
Selon tout vraisemblance elle était néanmoins plus haute à l'origine. On peut penser qu'elle ait été abaissée lors des réfections des 17e et 18e. A moins qu'elle ne soit restée inachevée.
Elle est établie sur un plan carré, de 8,90m de côté.
Actuellement cette touor se compose de deux niveaux, voûtés en croisées d'ogives, sous un
comble.
"L'existence, à l'origine, d'un étage carré au-dessus de ces deux salles, voire d'un
quatrième niveau défensif est plausible mais n'est pas certaine.
De ce fait, le mode de couverture originel de la tour, sa hauteur et les dispositions de son
couronnement ne sont pas connus." (sources : G Séraphin 1996)
Il reste encore de cette époque, un escalier intérieur, bâti dans le mur du donjon, ainsi que le note l'abbé :
"Un curieux escalier en pierre de taille est aménagé dans le mur et par là on accède au sommet de la tour."
Gilles Séraphin dans son étude de 1996 note à propos de cet escalier droit :
"L'escalier est couvert par une série de linteaux décrochés soulagés par des coussinets latéraux [...]
La première volée est éclairée du côté du logis par une fente d'éclairage ouvrant sur l'étage du logis central. Cette disposition reste à expliquer. L'éventualité d'un éclairage en second jour ou d'une archère défendant la salle n'est pas à exclure. On peut également supposer que cette ouverture pouvait ouvrir au-dessus d'une terrasse impliquant une voûte sur le logis central qu'il faudrait alors interpréter comme une grande salle [...]"
Dans la même tour on peut voir au rez-de-chaussée et au premier étage deux très belles salles de sept mètres de côté avec des voûtes en croisé d'ogive avec nervures reposant sur des culots prismatiques..
Donjon – Rez-de-chaussée : archère cruciforme à gauche
Au centre et à droite, les fenêtres géminées du donjon
de Floressas (extérieur, intérieur)
Crédit photo ©A-M Uyttenbroeck et ©Valérie
Rousset
Forme générale et dimensions
Des différents arrachements conservés sur la façade Est on peut conclure que l'ensemble devait être clos, et de forme quadrangulaire.
C'est d'ailleurs ainsi que l'avait pressenti l'abbé Relhié dans sa monographie. Toutefois les études archéologiques apportent quelques rectificatifs à cette hypothèse émise par l'abbé.
La tour Sud (à gauche par rapport à la façade) avait à peu près la même hauteur qu'actuellement.
En revanche, la tour Nord comportait, selon toute vraisemblance et au moins, un étage de plus.
Quant au bâtiment central, il était plus élevé, que le niveau actuel, et ce dernier étage pouvait avoir été occupé par une galerie couverte.
Sur la tour Sud (à gauche), on voit également des arrachements de mur correspondant à un second corps de logis aujourd'hui complètement disparu, et qui allait, au moins jusqu'à l'actuel château d'eau.
De même, sur le donjon, on observe un arrachement de mur correspondant selon toute vraisemblance à un mur défensif (courtine).
Le château de Floressas : dimensions actuelles et possibles dimensions d'origine
Une troisième tour carrée se situait selon toute probabilité à l'emplacement de l'actuel château d'eau, tandis que deux murs défensifs, dont l'un partait du donjon, et l'autre de cette troisième tour, formaient l'angle.
On peut également supposer que l'angle ainsi formé par ces deux murs était chapeauté par une tourelle. (ou une poivrière ?)
L'emplacement de l'entrée de cet ensemble ne nous est pas connu.
Cette entrée pouvait se situer face à la porte actuelle en façade, mais pouvait tout aussi bien se trouver sur le mur latéral (vers la route de Mazeyrac) puisque une des deux études architecturales a décelé une trace d'ouverture à cet endroit.
Malgré la présence d'une archère cruciforme sur le donjon, en rez-de-chaussée, l'ensemble n'était pas véritablement défensif comme l'attestent la présence des fenêtres géminées sur le donjon à une hauteur "vulnérable", l'absence de fossé etc…
Après Jean de Beynac, ses fils Gaillard et Sicard, lui succédèrent.
On retrouve les traces de ces bouleversements un peu partout : remaniement des murs, fenêtres bouchées ou rajoutées, corps de logis latéral disparu et corps de logis central complètement reconstruit au 19ème (hormis la base encore visible datant du 14ème) etc….
Les aménagements imputable à la fin du 15e siècle ou au début du 16e siècle sont très ponctuels à Floressas : ils consistent en une petite fenêtre de cave cintrée, percée dans la tour nord à la place d'une archère ainsi que dans le percement d'une porte au second étage de la tour sud, servant à communiquer avec le logis latéral aujourd'hui disparu. ces deux percements nouveaux sont caractérisés par des encadrements en calcaire blanc local ainsi que des piédroits arrondis typiques de la première moitié du XVIe.
Des éléments attribuables au XVIe siècle et provenant vraisemblablement de parties démolies ont été réemployés dans des aménagements du XIXe siècle.
Une importante campagne de transformation fut opérée semble-t-il entre le 17e et le 18e siècle.
Elle n'a pas touché ou presque la tour nord mais a profondément modifié la tour sud.
Dans la tour Sud, subsistent deux larges baies côté sud et ouest ainsi qu'une cheminée : ce sont des aménagements de la fin du XVIIe siècle (ou début XVIIe).
"L'embrasure de la baie du côté sud a conservé son décor dont la partie la mieux conservée se situe sur l'intrados de l'arrière-voussure. Il s'agit d'un décor de rinceaux de feuillages traités en grisaille sur fond ocre s'épanouissant à partir d'un bouton central" (souces :Valérie Rousset SDA du Lot).
On peut raisonnablement supposer que cette importante campagne d'aménagement n'a pas été sans rapport avec l'érection de la seigneurie de Floressas en marquisat (sources : G. Séraphin)
Le château fut vendu à Lauzerte en l'An IV comme Bien National.
Il était alors sans doute en partie détruit, à moins qu'il n'ait été démantelé à ce moment-là.
Au lendemain des destructions opérées après la révolution, les interventions subies par l'édifice ont été nombreuses.
Les plus importantes ont résidé dans la ruine du logis latéral et dans la reconstruction presque totale du logis central dans un style évoquant le milieux du 19e siècle.
La disparition du logis latéral, la modification des niveaux du logis central, puis la partition en plusieurs lots de ce qui subsistait du château explique pour une large part la condamnation de nombreuses ouvertures et dans certains cas l'ouverture de baies nouvelles.
Seules les tours semblent avoir suscité quelque intérêt de la part de Jean-Baptiste Alibert, habitant du village, qui possédait la tour nord dite "masure" en 1838 (date de l’établissement du plan cadastral napoléonien), et de Pierre Daymard, habitant du Boulvé, qui avait acquis la tour sud répertoriée alors comme "maison".
Par la suite, une école puis des appartements ont occupés le bâtiment central et les tours.
Remaniements sur la Tour Sud crédit photo Valérie Rousset - 1994
Il a fallu attendre l'an 2000 pour que soient entrepris des travaux de réhabilitation.
C'est l'ancien maire, Monsieur Yves FROMENT, qui a entrepris la rénovation du rez-de-chaussée pour en faire un lieu de réunions et d'animations culturelles.
L'architecte, Monsieur Rames a réalisé cette œuvre ambitieuse.
Les travaux ont été terminés sous le mandat de Marie-Claude LIGER, fin 2003.
La salle a été inaugurée le 10 janvier 2004.
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