Paul Froment "poète paysan"


"Pauvre petit grillon, qui, perdu dans la glèbe, se sentit des ailes pour bondir vers les fascinants sommets du Parnasse et dont un cruel destin brisa le large essor, qui va se charger de le commémorer dans son village ?"

Ernest Lafon - romancier - Albas (Journal du Lot)

 

"Il n'a jamais renié son plateau natal de Floressas, où il dort de l'éternel sommeil, ce pur et fier poète, que nos voisins des "pays bas" (agenais) se sont annexés."

Paul Delsériès - professeur (Journal du Lot)

Paul Froment - Floressas - tombe - aquarelle
Tombe de Paul Froment près de l'église et du cimetière - Aquarelle AM Uyttenbroeck

FLORESSAS, MON PAIS NATAL 

(Floressas, mon pays natal)

 

Belèu de mous lètturs que n'interèssi gaire, 

Digun n'a jamai bist l'endret ount sèi nascut 

E dount sèi dabalat aiciu, tal qu'un perdut, 

En quitant mous amits e moun paire e ma maire.

 

O Flouressas aimat, pertant de poudé plaire 

Al passant que te bei, sès pas prou bien metut ! 

Mès sès moun brès, es prou, t'èi toutjour counescut, 

Ei galoupat tous camps e biscut de toun aire.

 

Tanbé, se cauque cop bèni te bisita, 

Courri mai qu'un lapin, moun cur bat à peta 

Quand bèsi punteja tas dios tours que s'ennartoun.

 

Aco's pus fort que iou, me ben la gremo à l'èl 

En pensant al bièl tems, dins l'oustal paternèl... 

Ah ! malurous tres cops, malurous lous que partoun !

 

(Lo Calelh. 1èr de janvièr de 1893)

Poème  tel que dans sa graphie originale de Paul Froment,

unifiée par Francis Marratuech d'abord (écrivain de Sérignac-Ferrières, par Paul Delsériès (professeur) ensuite.

 

 

[...] Quand bèsi punteja tas dios tours que s'ennartoun !
[...] Quand bèsi punteja tas dios tours que s'ennartoun !

Peut-être que parmi mes lecteurs que je n’intéresse guère

Personne n'a jamais vu l'endroit où je suis né

Et dont j'ai dévalé jusqu'ici, tel un perdu

En quittant mes amis et mon père et ma mère .

 

O, Floressas aimé, par tant de choses tu peux déplaire

Au passant qui te voit, tu n'es pas très bien mise !

Mais tu es mon berceau, c'est beaucoup, je t'ai toujours connu

J'ai galopé dans tes champs, et vécu de ton air.

 

Aussi, si quelques fois je viens te visiter

Je cours comme un lapin, mon cœur bat à se rompre

Lorsque je vois pointer tes deux tours qui se dressent.

 

C'est plus fort que moi, la larme me vient à l’œil

En pensant au bon temps, dans la maison paternelle

Ah ! Malheureux trois fois ! Malheureux ceux qui partent !

 

 

Traduction (approximative) proposée par AM Uyttenbroeck (pour me contacter cliquer ici)

OCCITAN, PATOIS ou DIALECTE ?

"Le dialecte qu'il [Paul Froment] écrit est un quercinois mêlé d'agenais ou, si l'on préfère, un agenais mêlé de quercinois, où il n'est pas rare de rencontrer pour un même mot, la double forme de Floressas et du "pays bas"

 (Avertissement des éditeurs -  Poésies complètes de Paul Froment - Paris Editions Occitania 1932) .

 

Buste de Paul Froment par le sculpteur Antoine Bourlange - Penne d'Agenais
Buste de Paul Froment par le sculpteur Antoine Bourlange - Penne d'Agenais