Le plus gradé et le plus connu des 17 "poilus" de Floressas "Morts pour la France", est le
Général Pierre Amédée Bataille.
Qui était-il ?
Marie Désiré Pierre Amédée Victor (dit Amédée ou Pierre ?) Bataille est né le 26 novembre 1862 au château de Chambert sur la commune de Floressas, de Louis Bataille (notaire, né à Marminiac) propriétaire et maire de Floressas et de Marie Mélanie Lathèze née à Floressas (château de Chambert).
L'officier d'Etat Civil était le sieur CAILLAC (adjoint) le Maire de la commune n'étant autre que Louis BATAILLE lui-même (père de l'enfant).
Les 2 témoins de la déclaration de sa naissance, furent : Mathieu DELRIEU (40 ans) instituteur et Jean BOUCHAREINQ (50 ans) propriétaire.
Il n'aura connu ni les offensives sanglantes ni l'enterrement dans la boue des tranchées.
Il a été fauché par un éclat d'obus, le 8 septembre 1914, seulement quelques jours après la déclaration de la guerre, au Col du Bonhomme
On dit qu'il fut le premier général tué au front au cours du conflit 14/18.
En réalité, il y en eut avant lui
Le général Dupuis est mort le même jour que le général Bataille : le 8 septembre il est tué par un obus au cours de la Première bataille de la Marne.
Marie Désiré Pierre Amédée Victor Bataille et la vie "de château"
Marie Désiré Pierre Amédée Victor (dit Amédée ou Pierre ?) Bataille est donc né au château de Chambert sur la commune de Floressas.
Ce château, n'était qu'une ferme fortifiée : un "repaire", appartenant aux seigneurs de Floressas. du 13e au 16e siècle.
En 1690 c'est d'abord la Demoiselle de LAVALETTE, descendante de Jean de BAYLET seigneur de la VALETTE bourgeois anoblis, fermiers des terres royales, qui acquiert le domaine de Chambert.
Puis en 1780 il passe aux mains des LATHEZE bourgeois. Pierre Lathèze devint maire de Floressas en 1794 et le reste jusqu'en 1800.
En 1854, le domaine s'étend sur 392 ha de vignoble. Il est également planté en noyers qui produisent à la même date, 14 hectolitres d'huile.
(sources chambert.com)
Par mariage en 1857 avec Marie Mélanie Lathèze, unique (?) héritière de la famille Lathèze, Louis Bataille, le père du Général, né à Marminhac et notaire à Frayssinet-le-Gélat, devint à son tour propriétaire du château avant d'être élu maire de Floressas en 1861.
La famille est alors aisée et projette d'agrandir et ransformer le château.
On prévoyait 8 chambres, divers grands et petits salons, des cuisines, un cabinet d'affaires, un boudoir, un laboratoire, un oratoire, une infirmerie, une chapelle... le tout dans le plus pur style "Viollet-Le-Duc"
On voyait grand !
Il faut dire que le domaine s'étendait sur presque 400 hectares au milieu du 19e.
La construction de ce grand château sera terminée en 1873.
Mais... Quatre ans après, en 1877, le phylloxéra commençait à détruire le vignoble.
Puis, comble de malchance, en 1886, un incendie viendra détruire ce château dont seulement la partie centrale fut partiellement épargnée. Les Bataille reconstruisirent cette partie, mais sous forme d'une grande mais simple demeure quercynoise à un étage avec un toit à quatre pans.
Toute une partie de la terrasse et son escalier monumental ont également été conservés
Le Général Pierre Amédée Bataille en famille au Château de Chambert
Au 1er rang de gauche à droite : Simone Duby Bataille (fille du Gal), Myrtille Bataille (la plus jeune fille du Gal) Eugénie Vincendon (épouse du Gal), Gaston Bataille (fils du Gal) Au 2nd rang de gauche à droite : Marcelle Bataille (fille du Gal) et enfin le Général lui-même
Avec nos remerciements à Ariane Duby et Roxane Cordeiro (descendantes du Général) pour les informations et photos de famille
ainsi qu'à Noël Andrieux généalogiste amateur.
La destruction du vignoble par le phylloxera, l'incendie du château puis la mort de leur fils, le général Pierre Amédée Bataille finissent par ruiner la famille et le domaine qui est plus ou moins laissé à l'abandon.
Les vignes ne sont plus que friches ou pâtures pour moutons.
Renaissance du Château de Chambert
Ce n'est qu'en 1973 qu'un corrézien et négociant en vins, Marc Delgoulet, rachète le domaine et le château et entreprend de replanter le vignoble.
En 1983 il fera construire les deux tours rondes qui flanquent actuellement la "partie centrale" du château.
Depuis 2007, le château appartient à Philippe Lejeune.
En 1880, âgé de 18 ans, Pierre Bataille entre à Saint -Cyr, il fait partie de la promotion des Kroumirs (1880-1882). Sorti de Saint Cyr en 1882 il est nommé dans l'infanterie de marine et fait toute sa carrière aux colonies .
Il est grièvement blessé le 20 octobre 1884 au Tonkin. Il reçoit alors (28 octobre) la croix de chevalier de la Légion d'Honneur.
Le 30 novembre 1887, il est nommé capitaine.
Lieutenant colonel le 11 décembre 1899, il est nommé officier d'ordonnance du Président de la République.
Il sera fait officier de la Légion d'honneur le 30 décembre 1900.
Colonel le 1er octobre 1902, il est nommé chef d'état major des troupes en Indochine.
En 1905, il retourne en France à l'état major du ministère de la guerre. Retourné en Indochine, il prend le commandement du 4e régiment de tirailleurs tonkinois.
En 1908, il prend le commandement de la 2e brigade d'Indochine et est nommé Général de Brigade le 21 décembre 1909.
Revenu en métropole, il prend le commandement de le 81e brigade d'infanterie, composé de bataillons de chasseurs à pied et du 152e régiment d'infanterie.
Au début du conflit, il est mobilisé au 7e corps d'armée.
La brigade du Général Bataille est engagée dans la bataille d'Alsace et combat vers Mulhouse, puis vers Gerardmer.
Le 3 septembre 1914, à 17h 15, il prend le commandement de la 41e division d'infanterie des chasseurs alpins, déjà engagée à partir du 7 août dans la bataille d'Alsace et les combats dans la région de Mulhouse.
Il conduit ses troupes en couverture entre le col de la Schlucht et le col de Bussang dans les Vosges.
En août 1914, suite à l'échec de l'offensive française en Lorraine, les 2è et 1ère armées (généraux de CASTELNAU, DUBAIL) battent en retraite vers la Meurthe.
Mais la bataille de la Trouée de Charmes, suivie de celle de la Mortagne (24 août-9 septembre) sont gagnées par les Français qui battent les 6e et 7e armées impériales allemandes.
Dès le 25 août, les combats se déchaînent dans la région Rambervillers-Raon-l'Etape. Attaques et contre-attaques s'y succèdent sans arrêt durant de longs jours.
Le 27, l'ennemi passe la Meurthe, s'empare de Saint-Dié défendue par le 14è corps d'armée (général POURADIER-DUTEIL) où des combats des rues se déroulent (les 51è, 62è B.C.A., 30è R.I. s'y défendent) où les Allemands se livrent à des exactions durant les deux semaines d'occupation.
Les 27è, 28è, 58è D.I. continuent les combats au sud de la ville.
Le 28 août, les 75è et 99è R.I.contre-attaquent dans les faubourgs de Saint-Dié, aux Tiges.
La brigade du Général Bataille est engagée dans la bataille d'Alsace et combat vers Mulhouse, puis vers Gerardmer.
Le 3 septembre 1914, à 17h 15, il prend le commandement de la 41e division d'infanterie des chasseurs alpins.
Le 6 septembre, le 14è C.A. et le groupement du général PUTZ reprennent l'offensive.
Sources Journaux des Unités JMO"
Une humble pancarte attachée à un arbre dans la région du Col du Bonhomme commémore ce bombardement (photo©Pierre Grande Guerre 2007)
Citation du Général Dubail - 9 septembre 1914
"Apprenant que nos positions étaient violemment bombardées par l'artillerie de gros calibre de l'ennemi, il
considéra comme le plus sacré de ses devoirs de se rendre compte de la situation et encourager les défenseurs par sa présence, s'il était nécessaire. C'est au moment où, au milieu des chasseurs des 28e et 30e bataillons, il donnait ses instructions avec le sang froid et le mépris du dangers qui lui étaient habituels, qu'il fut mortellement frappé par les éclats d'un projectile. Il a aussi donné jusqu'à sa dernière heure l'exemple de sa bravoure et des plus belles qualités militaires."
- 28 octobre 1884 : Chevalier de la Légion d'honneur
- 20 décembre 1900 : Officier de la Légion d'honneur
- 10 juillet 1913 : Commandeur de la Légion d'honneur
- 11 septembre 1914 : Commandeur de la Légion d'honneur à titre posthume.
Les nombreuses décorations reçues par le Général Bataille ont été offertes par sa famille au Musée de l’Armée des Invalides en 1920.
.... plus un certain nombre d'autres décorations étrangères.... ( Wikipedia)
Une stèle commémorative a été érigée le 8 juillet 1915 au Col du Bonhomme
Dessin de l'abbé Relhié du monument originel du Général Bataille au Col du Bonhomme ainsi que la carte-photo dont il s'est inspiré, selon toute vraisemblance, pour son dessin.
Une nouvelle stèle a été érigée e 12 août 1939.
Ci-dessous : La nouvelle stèle après 1939 (carte-photo)
Sur cette dernière, seuls le général Marie Désiré Bataille (St-Cyr 1880-1882) et le capitaine Jacques Couilleaud (St-Cyr 1900-1902) figurant sur la liste ont été tués au col du Bonhomme le 8 septembre 1914.
Le Général Bataille repose dans son village natal (Floressas);
Le capitaine Couilleau repose dans le carré militaire de Clefcy.
Ce même 8 septembre 1914, le médecin auxiliaire Noël Hector Malègue, du 28e B.C.A., a été également tué au col du Bonhomme en secourant des blessés sous le bombardement, mais son nom ne figure pas sur la stèle...
(Sources Eric Mansuy, Florian Garnier - Forum Pages 14-18)
<- Stèle actuelle au col du Bonhomme 2013 - Crédit photo cycliste68
Sources :
Autre source :
"La Guerre Documentée 1914-1915 n° 13"
Ouvrage documenté et illustré retraçant les événements de la guerre de l'époque avec de nombreuses illustrations en noir et blanc et de planches en couleur.
Après avoir été inhumé le 12 Septembre 1914 au cimetière de Remiremont, son corps a été restitué à sa famille le 26 octobre 1921 et repose au cimetière de Floressas dans le caveau familial.
Texte publié à l'époque :
"Samedi 12 septembre 1914 :
Les obsèques du général Bataille eurent lieu à Remiremont.
Toute la ville était là à la demande du maire afin de rendre un dernier hommage au général tué à l’ennemi.
C’est le premier général tué au front, l’armée vint en grand nombre assister aux obsèques.
Le cercueil fut déposé rue des prêtres, chez madame Boulangé, sa parente, et veillé par son officier d’ordonnance, le capitaine de Collardelle et de sous-officiers en armes.
Le cercueil placé sur le corbillard, avec l’uniforme, l’épée du général et un drap mortuaire aux couleurs des puissances alliées couvraient le cercueil.
Les cordons du poêle étaient tenus par M. le préfet, M. Flayelle, député, M. Mougin, maire et le chef de bataillon Hébert, gouverneur du fort.
Suivaient un peloton de sous-officiers en armes, deux autres sous-officiers portant un large coussin portant les nombreuses décorations du général, 17 soldats porteurs des couronnes offertes par les unités de la 41ème division.
Le deuil était conduit par Gaston Bataille, fils du général, le lieutenant-colonel Moureau, son beau frère, M. Bernard Puton, M. Thomas, ses cousins.
En tête de l’assistance, M. Certeux, sous-préfet, le colonel Debeney, représentant le général Dubail, commandant la 1ère armée, la municipalité, M. Pinot, conseiller général du Thillot, M. Noisette, juge, M. Maréchal, procureur de la république, M. Thiébaut, commissaire général.
Plus de deux cents officiers sont présents.
La cérémonie religieuse terminée, le cortège gagne le cimetière.
Devant le caveau, le colonel Debeney lut l’ordre général n° 34 du général Dubail qui glorifiait la mémoire du défunt.
Les autorités prirent tour à tour la parole, le commandant Hébert, gouverneur du fort, apporta les condoléances de l’armée à la famille du général. "
Cérémonie du 95ème anniversaire de la mort du Général Bataille au Col du Bonhomme (Plainfaing) le 25 Octobre 2009
En octobre 2009, le 25 exactement, la Mairie de Plainfaing sur la commune de laquelle se situe le Col du Bonhomme, a organisé une cérémonie à la stèle, pour le 95ème anniversaire de la mort du général.
La cérémonie a eu lieu à 11h00 précise à la stèle du col du Bonhomme avec consistant à la montée des couleurs, récit des événements et dépôt de gerbes.
Le Cercle d'Histoire Militaire de Remiremont y sera présent par une représentation en uniforme.
La cérémonie s'est achevée en mairie de Plainfaing par la visite d'une exposition sur les combats dans le secteur du Bonhomme.
Les photos de cette cérémonie sont de Florian Garnier, Président du Cercle d'Histoire Militaire de Remiremont et des Forts de la Haute Moselle.
Nous les publions avec son autorisation
FGD© copyright
La cérémonie du 11 novembre 2014 a rendu hommage aux 17 "poilus" de Floressas, et en particulier au Général Bataille,, dont quelques descendants, et notamment l'arrière petite-fille du Général, Régine Laverny, ont pu être présents.
Une exposition et une conférence, réalisée grâce à Noël Andrieux de Prayssac, généalogiste amateur et passionné qui a élaboré l'arbre généalogique du Général, consacrées aux morts de Floressas lors du conflit 14/18, s'est également tenue du 7 au 11 novembre dans la salle du château.
Crédits photos John McMahon & Noël Andrieux
Écrire commentaire