Histoire de Floressas : La Commune, 1707 la révolte des "Tards-Avisés


Affamés par un hiver très dur, et voyant s’ajouter un nouvel impôt qui étend le contrôle des actes aux actes de baptême, de mariage et de décès, les paysans se soulèvent contre ce qu’ils considèrent être un impôt sur le droit de vivre. 

 

Le mouvement qui embrase le Quercy compte 30 000 hommes aux portes de Cahors.

 

Voici comment les choses se passèrent d'après Monsieur CAZES, notaire à FLORESSAS, qui avait la bonne habitude de noter les événements quotidiens.

 

Malheureusement, ces vieux cahiers que j'ai tenus entre mes mains sont à moitié dévorés. (note de l'abbé RELHIE - Monographie)

 

La note suivante a paru dans le Bulletin des Etudes du Lot – tome XII page 30. 

"les paysans de diverses paroisses du Quercy s'étant mutinés, se seraient rassemblés par villes, par paroisses armés de fusils, épées et autres armes, prenant pour prétexte le contrôle des contrats des bans de mariage et des baptêmes, papier timbré et droit de foraine.

 

Etant attroupés, ils suivirent les maisons de ceux qui étaient commis aux droits dudit contrôle, qu'ils pillèrent et démolirent entre autres, le neuf mars 1707.

 

La maison du sieur CLUZEL à BELAYE auquel ils enfoncèrent plus de 40 barriques de vin et rompirent tous les meubles qu'ils trouvèrent…

 

 Le 15 mars, passèrent dans le lieu de SERIGNAC, 400 hommes bien armés faisant commandement aux habitants de se mettre de leur parti et de se rendre à Cahors avec mesure qu'ils raseraient leur maison s'ils ne s'y rendaient.

Cette troupe venait de brûler les registres et piller la maison du commis de la foraine au moulin BESSOU et le bureau établi chez le sieur LARODE, au Crucifix (attributions du bureau des traites foraines : papier et parchemin timbré, droits sur les huiles et les savons, droit de contrôle des actes des notaires, petits fiefs, greffe, amortissement, vente de tabac en 1775 grandes et petites gabelles).

 

Ils allèrent le dit jour à FLORESSAS et brûlèrent pareillement les registres de contrôle établi chez le sieur LATHEZE et gâtèrent les meubles des dites maisons

(les LATHEZE furent près de 70 ans commis au bureau des traites foraines de Floressas. On trouve en 1707, un Lathèze à la tête de ce bureau. En 1754, on trouve un acte de location par Pierre Lathèze des fermes royales. Ils devait fournir un cautionnement de 1000 francs. Monsieur François Marratuech se chargea du bureau en 1774.)

 

Ils s'en allèrent ensuite prendre les autres devant la ville de Cahors, où on dit qu'ils s'assemblèrent 30 000 hommes sous le nom de "Tard Avisés". Ils se retirèrent après quelques démonstrations.

 "La paroisse de Sérignac se comporta parfaitement par l'exhortation et l'exemple du sieur de St Cirq en l'absence du seigneur de Sérignac, son père."

 

Monsieur le Maréchal de Montrevel, averti de ces désordres, se serait rendu incessamment à Montauban et de là à Cahors, avec Monseigneur le Grand Intendant, pour voir le sujet de leur révolte. Tout le monde avait mis bas les armes au bruit de la marche du Maréchal.

 

Le calme dura jusqu'au 6 avril 1707.

 

Le 26 avril, les "Tard-avisés" seraient allés au lieu du Crucifix à 6 heures du soir où il sauraient continué le désordre en la maison et grange du sieur LARODE et lui auraient mis le feu au moulin à vent voisin, qui fut entièrement brûlé.

 

Le 2 mai, furent à Sérignac 400 hommes bien armés : y ayant entre autres les habitants de Mauroux pour se faire rendre les armes que les habitants de Sérignac avaient remisées dans le château, et les obliger à prendre ces armes et à se joindre à eux.

Alors, les dragons de Firmacon qui étaient logés à FLORESSAS expressément, pour donner à ces troupes mutinées et étaient avertis de l'attroupement fait à Sérignac, montèrent à cheval et furent à Sérignac. Les mutinés prirent la fuite à la vue des dragons.

 

Mais les dragons les auraient poursuivis à coup de fusils et de sabres, dont ils tuèrent ou blessèrent environ 100 hommes dans les paroisses de Sérignac, Ferrières ou Masquières.

 

Par malheur, il y eut des innocents qui furent tués par erreur...

 

Ce même jour, 2 mai, furent pris et attachés six hommes de ces attroupements, qui s'étaient cachés dans une maison de Sérignac, dont deux blessés.

Ce fut un commissaire de Montauban, envoyé pour faire la visite et estimation des biens et bureaux que les révoltés avaient ruinés, en passant au bas de Sérignac accompagné par des dragons du même régiment de Firmacon, et étant averti que des gens étaient cachés dans une maison, il y fut et les ayant trouvés, il les fit attacher et conduire à FLORESSAS où il dressa un verbal.

Le lendemain, il les fit conduire à Montauban où Monseigneur l'Intendant leur fit leurs procès et furent condamnés à être pendus et étranglés. 

A savoir : deux à Montauban, deux à Mercués, et deux à Sérignac.

  

Ceux de Sérignac furent exécutés au carrefour de la Croix longue."


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